Un nouveau modèle de maison de repos et de soins
Le magazine « C’est L’AVIQ! » de mars 2019 consacre un dossier aux maisons de repos et de soins intitulé : « Vers un changement des modes de fonctionnement ? » L’article fait le point sur un nouveau modèle d’organisation et de gestion à appliquer dans les maisons de repos et de soins et s’inspire du modèle suédois des Tubbemodellen.
À la suite d’une étude comparative publiée en 2015, la Fondation Roi Baudouin a été sensibilisée à un modèle particulier de gestion mis en place dans une maison de repos de la commune de Tjörn, en Suède. Afin d’en savoir un peu plus, deux déplacements ont été organisés en mars et octobre 2016. L’AVIQ y était.
Les principes du modèle suédois reposent sur le constat suivant: « Le regard que nous portons sur les seniors et les soins qui leurs sont destinés doit changer, y compris à l’échelon supérieur». Dans ce modèle de fonctionnement, l’usager est placé au centre, par opposition au modèle hiérarchique descendant traditionnel (top-down). Concrètement, la maison de repos est cogérée par les résidents et les équipes. La direction, pour sa part, assure un rôle de coordination.
L’analyse comparative a porté sur une période de cinq ans, entre 2010 et 2015. Deux MRS ont été évaluées sur base de deux modèles différents: un modèle classique pour l’une, le Tubbemodellen pour l’autre. Résultat? Le degré de satisfaction des résidents est beaucoup plus élevé au sein du Tubbemodellen, ce qui démontre l’impact positif sur ceux-ci.
Stéphane Adam, responsable de l’unité de psychologie de la sénescence de l’Université de Liège, donne quelques éléments d’explication. Selon lui, il faut s’adresser autrement aux personnes âgées. Les questions généralement posées sont: qu’est-ce que je peux faire pour vous aider? Vous soigner? Vous être utile? Ce que veut une personne âgée, c’est continuer à se sentir utile à quelque chose. Le sentiment d’utilité est un des plus grands prédicteurs de bien-être chez les personnes âgées.
Dans le modèle Tubbemodellen, les centres d’intérêt des personnes sont mis en avant. Par exemple, un livre de cuisine a été réalisé sur base des recettes préférées des résidents. Cela génère de l’estime de soi et un sentiment de bien- être. Stéphane Adam met en parallèle la situation suédoise à la nôtre : « Chez nous, c’est bain thérapeutique, jardin thérapeutique, art-thérapie, musicothérapie… Comme si toute activité pour la personne âgée devait de facto se voir affublée du vocable lié à la santé de la personne!».
Selon lui, la dominance des soins au sein de nos institutions est problématique: «Quand on met le pied dans une maison de repos belge, on a l’impression d’entrer dans un hôpital! C’est un lieu de soins, alors que ce devrait être un lieu de vie où accessoirement on dispense des soins».
> Extrait de l’article « Projet de vie pour nos seniors : vers un changement des modes de fonctionnement? » paru dans le magazine trimestriel C’est L’AVIQ! », édition de mars 2019.